Un nombre croissant de consommateurs se retrouvent piégés par une arnaque automobile bien orchestrée. Des garages fictifs proposent des véhicules à des prix défiant toute concurrence, attirant ainsi des victimes qui se voient ensuite livrer des promesses non tenues. Cette fraude, qui semble se répandre, met en lumière les failles d’un système judiciaire encore mal préparé à faire face à de telles opérations.
Résumé en 3 points
Les escrocs attirent leurs victimes avec des offres de véhicules à des prix défiant toute concurrence. Florent, un entrepreneur basé près de Lyon, a été attiré par une annonce pour un SUV allemand proposé à 24 990 euros, soit près de 10 000 euros de moins que les prix du marché. Séduit par l’offre, il signe un bon de commande après une présentation en visioconférence du véhicule prétendument stationné à Valenciennes.
Malheureusement pour Florent, le véhicule n’a jamais été livré, et il a découvert qu’il n’était pas le seul à avoir été trompé. En se regroupant sur un groupe Facebook privé, 43 victimes ont constaté un préjudice total de 860 000 euros.
Le mode opératoire de ces escrocs repose sur une stratégie bien pensée. En créant des garages fictifs, ils inondent des plateformes comme Leboncoin d’annonces alléchantes. Chaque escroquerie représente une somme significative pour les victimes, mais l’ampleur du phénomène est difficilement perçue par la justice en raison de la dispersion géographique des plaintes.
Me Julien Roelens, avocat spécialisé dans ces affaires, explique que ce procédé permet aux escrocs de multiplier les ventes sans être immédiatement détectés. Les victimes sont rassurées par des documents falsifiés, comme des copies de cartes grises, jusqu’à ce que le moment de la livraison arrive et que tout contact disparaisse.
Les victimes, dont Florent, font face à des difficultés pour récupérer les sommes versées. Les fonds sont souvent transférés à l’étranger, ce qui complique les démarches de restitution. Florent a tenté de récupérer son argent auprès de la banque où il avait effectué le virement, mais sans succès, les fonds ayant déjà été retirés.
Me Roelens souligne également les lacunes du système bancaire qui, selon lui, manque de vigilance face à des transactions suspectes telles que des comptes vidés de plusieurs centaines de milliers d’euros. Afin de mieux appréhender l’ampleur de cette fraude, l’avocat envisage de déposer une plainte avec constitution de partie civile pour mobiliser un juge d’instruction.
Les escroqueries dans le secteur automobile ne sont pas nouvelles, mais elles prennent des formes de plus en plus sophistiquées avec l’avènement des plateformes de vente en ligne. Des sociétés fictives, telles que Nove Car et BS Auto, ont déjà été actives en 2023, utilisant des méthodes similaires pour tromper les consommateurs. Ces opérations mettent en exergue la nécessité d’une réglementation plus stricte et d’une vigilance accrue de la part des autorités judiciaires et bancaires.
Historiquement, le secteur automobile a toujours été une cible privilégiée pour les fraudeurs en raison des sommes importantes en jeu et de la complexité des transactions. Les acheteurs doivent désormais redoubler de prudence et vérifier scrupuleusement l’authenticité des vendeurs avant de procéder à tout achat en ligne.